Recruter des experts en crypto-monnaies : un nouveau défi pour les départements financiers
- FoxGroup
- 8 sept.
- 4 min de lecture

Sommaire
1. Introduction : pourquoi la crypto-finance devient un enjeu RH
Longtemps marginale, la crypto-monnaie s’impose désormais dans le champ de la finance d’entreprise. Qu’il s’agisse de gérer des paiements en actifs numériques, d’explorer le Web3, de déclarer des positions aux régulateurs, ou d’investir via des tokens, les directions financières ne peuvent plus ignorer ce virage technologique.
Conséquence : elles doivent s’entourer de profils hybrides, capables de comprendre les fondamentaux des crypto-actifs tout en maîtrisant les contraintes réglementaires, comptables et opérationnelles.
Mais recruter des experts en crypto-monnaies est un défi majeur : le marché est jeune, les compétences rares, les parcours atypiques, et les enjeux souvent mal compris en interne.
2. L’impact des crypto-actifs sur les départements financiers
La montée en puissance des crypto-actifs touche plusieurs dimensions de la fonction finance :
Comptabilité et reporting : traitement des tokens, volatilité, IFRS/PCG, gestion des wallets, traçabilité…
Trésorerie : arbitrage entre monnaie fiat et stablecoins, intégration dans les ERP, risques de liquidité
Conformité et fiscalité : déclaration des plus-values, KYC/AML, suivi des flux blockchain
Contrôle de gestion et valorisation : intégration de projets Web3, DAO, smart contracts, NFT…
Ces enjeux supposent une compréhension technique de la blockchain mais aussi une capacité à adapter les process financiers traditionnels à un environnement décentralisé.
3. Quels profils rechercher pour accompagner cette mutation ?
Il n’existe pas encore de “filière académique” classique en crypto-finance. Les profils que l’on retrouve sur le marché sont souvent :
Des profils techniques en reconversion financière (anciens développeurs blockchain ou analystes crypto devenus consultants)
Des profils finance avec une forte culture crypto (DAF, consolideurs, ou comptables ayant auto-appris l’univers Web3)
Des profils de cabinets spécialisés en fiscalité ou compliance crypto
Des profils d’entrepreneurs issus de l’écosystème crypto / DeFi
Dans tous les cas, ce sont souvent des autodidactes passionnés, avec une forte culture produit, beaucoup de veille technologique… et parfois une faible appétence pour les structures rigides.

4. Les compétences clés à évaluer
● Hard skills :
Compréhension technique des blockchains (Ethereum, Solana, L2, etc.)
Maîtrise des notions de smart contracts, wallets, tokens (fungibles et non-fungibles)
Connaissances fiscales et réglementaires (PSAN, MiCA, règles AMF/ACPR)
Notions de comptabilité crypto (valorisation, écritures, amortissements…)
Maîtrise des outils spécialisés : CoinTracking, Bitwave, Subvisual, etc.
● Soft skills :
Curiosité intellectuelle et capacité d’auto-formation
Résilience face à un cadre légal mouvant
Communication transverse avec les équipes tech, produit et juridique
Pédagogie pour évangéliser les sujets en interne
5. Où et comment sourcer ces experts rares ?
Les canaux classiques (jobboards, cabinets traditionnels) sont souvent inadaptés. Préférez :
Les communautés crypto (Discords spécialisés, DAOs, meetups, events Web3)
Les plateformes de freelances spécialisés (TalentLayer, Braintrust, DeeTal)
Des cabinets ou chasseurs experts Web3 / Fintech
L’inbound recruiting via des contenus spécialisés (blog crypto RH, articles à forte valeur ajoutée)
L’expérience dans une “grande entreprise” n’est pas toujours gage de qualité dans ce secteur. Le niveau de veille, d’implication communautaire et la capacité à vulgariser les enjeux sont souvent plus révélateurs que le CV.
6. Les freins RH au recrutement crypto (et comment les lever)
● La méconnaissance du secteur
Beaucoup de directions RH ne comprennent pas les besoins métiers liés aux crypto-actifs, ce qui freine l’ouverture des postes ou les bons ciblages.
Solution : créer un référentiel interne des enjeux crypto par métier et former les équipes RH.
● Des attentes salariales élevées
Les profils expérimentés dans l’écosystème Web3 sont très demandés et parfois surévaluent leur rémunération.
Solution : proposer une part variable ou des incentives en tokens, tout en structurant un plan de formation en interne pour junioriser certains profils.
● La peur du “profil instable” ou trop indépendant
Certains candidats sont issus de start-up, DAO ou expériences très libres.
Solution : cadrer précisément les missions, mais laisser une marge d’autonomie, en mode “intrapreneur”.
7. Faut-il internaliser ou externaliser l’expertise crypto ?
Tout dépend de la maturité de l’entreprise :
Pour les grands groupes : il est possible d’internaliser l’expertise (pôle finance digitale ou cellule innovation).
Pour les PME ou scale-ups : une externalisation partielle via cabinets spécialisés ou freelances crypto peut suffire, le temps de structurer les process.
Mais à terme, disposer en interne d’un ou deux profils “référents crypto-finance” est un atout stratégique.
8. Conclusion : vers un CFO crypto-compatible ?
Recruter des experts en crypto-monnaies, ce n’est pas un effet de mode. C’est répondre à une nouvelle donne financière : plus décentralisée, plus technologique, plus réglementée.
Les directions financières qui sauront intégrer ces compétences en amont gagneront en agilité, en innovation, et en pertinence stratégique. À condition de repenser leurs critères de sélection, leurs canaux de sourcing, et leur culture managériale.
Le CFO de demain ? Il parle finance... et blockchain.


